#2 Les enjeux méditerranéens au centre des débats au lendemain des Rencontres Méditerranée
- Noé Renard
- 2 oct. 2023
- 4 min de lecture
Alors que les Rencontres de la Méditerranée se tiennent en ce moment à Marseille et recevront le Pape François ces vendredi 22 et samedi 23 septembre, nous revenons sur les grands enjeux qui entourent cette mer “au milieu des terres”.

Depuis l’antiquité, la Méditerranée s’impose comme le centre des principales activités mondiales. En effet, à l’époque des Grecs déjà, cet espace était le carrefour commercial qui faisait vivre l’économie mondiale. Depuis, même si l’ensemble des océans et des mers du monde sont très fréquentés et au cœur des enjeux modernes, la Méditerranée reste particulièrement importante.
Une zone de transit
À l’heure de la mondialisation, elle s’impose comme une route commerciale majeure reliant les quatre coins du monde avec Gibraltar à l’Ouest et Suez à l’Est.
Plus de 250 000 navires marchands traversent la Méditerranée chaque année. Cela représente environ 25 % du volume mondial de transport maritime commercial, et ce chiffre devrait augmenter davantage dans les prochaines années. On constate qu’entre 1997 et 2006, les capacités méditerranéennes avaient augmentés de près de 50%, en 2023, alors que le commerce maritime bat son plein, des records de fréquentations sont attendus. Le transport de pétrole, en provenance des pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), l’illustre, il ne cesse d’augmenter : environ +6% chaque année. En moyenne, on estime que le transport maritime en Méditerranée augmente de +10% par an, cette route commerciale constitue donc l’un des enjeux majeurs de cette vaste mer.
Géopolitique, Relations internationales
Le bassin méditerranéen, qui désigne les pays 20 littoraux de la mer Méditerranée, est le théâtre des diverses relations, tensions et accords qui surviennent entre ces Etats. Le terme “méditerrané” désigne d’ailleurs la “mer au milieu des terres”, 3 terres : l’Europe, l’Asie Orientale et l’Afrique du Nord.
Cet espace met donc en relation divers pays, qui accumulent des différences. Alors que la France, l’Espagne et l’Italie (rive Nord) font partie des plus grandes puissances économiques mondiales, on observe également des Etats en situation de crise économique, comme le Liban, ou dont les conditions économiques sont mauvaises, en Libye ou en Syrie. D'autres enjeux géopolitiques émanent de la cohabitation des 20 pays dans la région. La présence chez certains de grandes réserves en hydrocarbures et en gaz sont parfois source de conflit, comme récemment entre la Grèce et la Turquie pour des exploitations gazières. Mais cela peut également être source de collaboration.
Pour passer outre ces divergences et instaurer un véritable dialogue entre les différents peuples du monde méditerranéen, une agence intergouvernementale a été créée en 2008 lors du Sommet de Paris pour la Méditerranée : l’Union pour la Méditerranée. Siégeant à Barcelone, elle vise à “promouvoir le dialogue et la coopération dans la région euro-méditerranéenne” comme l’explique le secrétariat général de l’Union. Réunissant plus de 43 pays, les 27 Etats de l’UE et les autres pays du bassin méditerranéen, elle a vocation à renforcer le partenariat Euro-méditerranéen.
Comme le précise le Secrétaire général de l’UpM (Union pour la Méditerranée) : “les défis régionaux appellent à une réponse régionale”. Cette collaboration entre les divers Etats est essentiel pour garantir une bonne entente et servir les intérêts communs qui lient les pays méditerranéens.
Immigration
Loin des vacanciers sur les plages idylliques de la côte d’Azur, une tout autre réalité anime les débats et constituait l’une des valeurs principales du Pape lors de sa venue. L'immigration est en effet un sujet d’actualité comme en témoigne l’épisode récent de Lampedusa (Italie) où un nombre très élevé de migrants sont arrivés la semaine du 11 septembre, surprenant les autorités italiennes.
Avec de très grands écarts de niveau de vie entre les pays méditerranéen, mais également à cause de l’instabilité politique et sécuritaire de certains Etats, nombreux sont ceux qui tentent de rejoindre l’Europe pour acquérir des conditions de vie décentes. En effet, plus de 90 000 personnes sont arrivés sur le continent européen depuis le début de l’année dénombre le Haut Conseil des Nations Unis pour les Réfugiés (HCR), équivalent presque déjà au total de l’année de 2022. Ces chiffres sont donc en hausses, et avec eux le nombre de décès en mer. Selon l’Organisation Internationale des Migrants (OIM), plus de 27 000 personnes ont perdu la vie en Méditerranée depuis 2014. Depuis le début de l’année, 2500 hommes, femmes et enfants sont morts noyés en mer précise l’ONU.
Trois grands passages sont régulièrement empruntés pour rejoindre l’UE. En partant d’Afrique du Nord pour rejoindre l’Italie par la mer (et notamment par l’île de Lampedusa), c’est la voix la plus risquée et la plus meurtrière. Ensuite, du Maroc à l'Espagne par le détroit de Gibraltar ou par les enclaves de Ceuta et Melilla. Enfin, de la Turquie vers la Grèce emprunté en 2015 par plus de 800 000 Syriens. Les personnes qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l'Europe sont souvent originaires d’Afrique subsaharienne ou peuvent provenir d'Asie de l’Ouest.
Ce phénomène migratoire s’intensifie au fil des ans et pause de réelles questions sur les modes de gestion des frontières, quels sont les modèles les plus adéquats aux enjeux actuels et comment accueillir de plus en plus de monde.
Environnement
Au cœur de toutes les préoccupations, le réchauffement climatique est un sujet central alors que se sont réunis des citoyens de toute la Méditerranée à l’occasion des grandes Journées méditerranéennes.
Le monde méditerranéen connaît globalement une hausse de température 20% plus rapide que la moyenne mondiale, rien que durant le XXe siècle, la zone géographique a vu sa température augmentée d’environ 1,5 degré Celsius, et +0.4°c rien que pendant la dernière décennie. Cette hausse de la température provoque des sécheresses intenses et régulières et une diminution de 10% des précipitations. Le niveau de la mer monte de 3mm/an.
Ces grands bouleversements climatiques pourraient causer la disparition d’espèces emblématiques du bassin méditerranéen. L'olivier pourrait disparaître, car c’est une plante qui nécessite un climat doux. Avec la salinisation des mers et nappes phréatiques, de nombreuses espèces de poissons pourraient également être amenés à se déplacer dans d’autres régions. Ironiquement, certains expliquent que l’exposition solaire augmente, propice à la production photovoltaïque.
Avec ses enjeux qui lui sont propres, la Méditerranée continue à s’imposer comme une région centrale et essentielle dans le monde du XXIe siècle. Elle attire chaque année de plus en plus de monde, signe de son attractivité qui ne cesse de grandir.
Sources : Plan Bleu, Convention de Barcelone / ONU, Programme pour l’environnement / Géoconfluences, Flottes et flux maritimes / Le Figaro / Lumni, Bassin méditerranéen : enjeux écologiques, économiques et humains – Emission Géopoliticus / Secrétariat général de l’UpM / Géo / UNHCR / Plan Bleu – Transport maritime
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