Coran profané, des conséquences graves sur la diplomatie suédoise
- Noé Renard
- 24 juil. 2023
- 3 min de lecture
En Suède, la justice avait autorisé l’organisation de rassemblements lors desquels un réfugié irakien a dégradé des exemplaires du Coran, le livre sacré des musulmans.

Cette séquence n’est pas la première puisqu’en juin, Salwan Momika avait déjà brûlé un Coran devant une mosquée à Stockholm. Il s’agit d’un Irakien de 37 ans qui avait fui son pays pour la Suède. L’AFP expliquait alors qu’il "a piétiné le Coran à plusieurs reprises avant d'y glisser des tranches de bacon et d'en brûler quelques pages". L’acte avait immédiatement été dénoncé notamment par la Turquie, qui à la suite de cela s’était prononcée contre l’adhésion de la Suède à l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord).
Ce jeudi 20 juillet, Salwan Momika s’en est de nouveau pris à un exemplaire du Coran, lors d’une manifestation à Stockholm. Bien qu’il ait finalement renoncé à brûler ce livre sacré de l'islam, il l'a piétiné et mis en pièces devant la foule et les journalistes.
Ce jeune irakien, a affirmé avoir pratiqué le catholicisme dans son pays avant de devenir athée en Suède. Il alerte sur le fait que la religion est "un danger pour l'esprit humain". Selon France24, des images montrent Salwan Momika en 2015, au sein d’une milice combattant l’Etat islamique, association considérée par les Occidentaux comme terroriste.
L’ensemble de ces actes sont préalablement interdits par les forces de l’ordre. Mais par la suite, ils sont autorisés par la justice suédoise en vertu de la liberté d’expression.
Les autorités politiques suédoises dénoncent en gardant de la distance avec les événements. Le Premier ministre conservateur, Ulf Kristersson, ne remet pas en cause la législation, mais critique néanmoins le geste : "Il n'y a pas de raison d'insulter des gens. (...) "Je pense que ce n'est pas parce que certaines choses sont légales qu'elles sont appropriées." De son côté, le ministère des Affaires étrangères suédois a condamné "fermement" un acte qualifié d'"islamophobe".
Cela place néanmoins le pays dans une instabilité diplomatique avec la plupart des pays musulmans du proche et moyen Orient. De l’Afghanistan à l’Egypte, en passant par des pays tels que l’Irak, les condamnations se multiplient dans le monde musulman. En effet, des rassemblements ont eu lieu devant l’ambassade suédoise à Bagdad, l’ambassadrice de Suède à Bagdad a été expulsée avant que sa maison ne soit incendiée par des manifestants irakiens. Des rassemblements ont eu lieu en Irak, mais aussi au Liban ou en Iran. Des critiques publiques contre la justice suédoise et le gouvernement ont été exprimées par les dirigeants de nombreux états, tel que le Maroc. Outre cela, les relations diplomatiques avec la Suède se sont dégradées dans la région. L'Arabie Saoudite, l'Iran et la Jordanie ont convoqué les représentants suédois dans leurs capitales.
Une autre conséquence importante de ces actes du côté de la Turquie. Les discussions étaient déjà tendues entre Ankara et Stockholm, mais des échanges entre les deux pays avaient commencé à aboutir récemment sur un changement de position d’Ankara quant à l’adhésion de Stockholm à l’OTAN. Cet événement pourrait à nouveau dégrader les relations et les perspectives d’entrée dans l’OTAN.
Cet événement n’est sûrement pas le dernier puisque le militant irakien a déclaré : "Je continuerai à brûler des Corans aussi longtemps que je pourrai le faire légalement". En agissant ainsi, il contribuerait à consolider la crise diplomatique dans laquelle sombre la Suède.
Sources : FranceInfo / SudOuest / AFP / France24
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