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Coup d’Etat au Niger, le point sur la situation

Près d’une semaine après le coup d’Etat militaire qui a renversé le président Bazoum au Niger, nous faisons le point sur les événements et la situation dans le pays.

Manifestation en soutien avec les putschistes devant l’Assemblée nigérienne - Source : Le Monde

Mercredi 26 juillet 2023, en plein milieu de la soirée, des militaires putschistes ont annoncé à la télévision nationale nigérienne avoir renversé le président Mohamed Bazoum. Ce dernier avait été élu en 2021, lors d’élections démocratiques, et était depuis, pleinement soutenu par la communauté internationale.

Dans cette déclaration, le colonel-major Amadou Abdramane a annoncé la suspension des institutions, la fermeture des frontières du pays et la mise en place d’un couvre-feu pour la population. Il s’agit de l’ancien chef des forces de sécurité présidentielles, qui semble être à la tête de la junte putschiste. Ce dernier a justifié le coup d'Etat par "la dégradation continue de la situation sécuritaire" dans le pays.

Le Chef d’état-major des armées au Niger, Abdou Sidikou Issa a annoncé jeudi dernier que l’armée se plierait aux revendications des putschistes dans le but d’éviter de violentes confrontations.


Rapidement après cet événement, la communauté internationale réclame la libération du président Bazoum, en vain.


Le ministère des Affaires étrangères a communiqué le 29 juillet la suspension à effet immédiat des "actions d’aide au développement et d’appui budgétaire". Moins de 24h suivant ces déclarations, des violentes manifestations ont éclaté devant l’ambassade de France à Niamey. Des drapeaux français ont été brûlés, et des slogans tels que "Vive Poutine", "vive la Russie", "à bas la France", ont été scandés. Face à ces violences, l’Élysée a réagi avec fermeté : "Quiconque s'attaquerait aux ressortissants, à l'armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable".


L’Union africaine (UA) a réclamé le retour à une "autorité constitutionnelle" sous 15 jours au Niger, et le retour des militaires dans leurs réserves.

Aussi, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrel, a indiqué que l’UE "ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas les autorités issues du putsch". Il a ajouté que toutes les collaborations sécuritaires avec l'UE sont suspendues.

De son côté, la diplomatie américaine, dirigée par Antony Blinken, a assuré le président Bazoum du soutien total des Etats-Unis.

Enfin, la CÉDÉAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) a donné un ultimatum d’une semaine à la junte putschiste pour restaurer l’ordre constitutionnel, n’excluant pas le "recours à la force" en cas de besoins. Le président béninois, Patrice Talon conduit une médiation locale.



À l’image du Mali et du Burkina Faso, après des coups d’États, le Niger va dégradé ces relations avec les pays occidentaux. Ces trois pays ont connu un coup d’Etat depuis 2020. Ils sont d’ailleurs suspendus de la CÉDÉAO. Pour la France, le pays représentait de grands enjeux stratégiques, militaires et économiques. Il s’agissait du dernier allié en plein cœur du Sahel, qui a longtemps servi de points de passage pour les troupes françaises de l’opération Barkhane. Des bases françaises sont encore présentes dans le pays, plus de 1500 soldats y sont en permanences. Enfin, le pays est une réserve naturelle d’uranium. Il représente un quart des approvisionnements européen en uranium.

À l’inverse, la situation pourrait favoriser le développement des intérêts russes dans la région. Au travers du groupe Wagner, le pays est très présent dans des pays comme le Mali, et il saurait profiter de la dégradation des relations entre les Occidentaux et le Niger.

Presque dans le même temps, le 27 juillet, un sommet Russie-Afrique avait lieu à Moscou. Cela marque le désir de Poutine de s’ancrer davantage sur le continent.



Des missions d’évacuation ont également été lancées à Niamey. Les premiers sont les Français. Hier, dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a annoncé lancer une opération pour permettre aux expatriés français et européens de rejoindre le territoire français. Le dispositif est déjà en place, puisque 250 personnes ont déjà été évacuées, protégées par l’armée française présente sur le territoire nigérien.

Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, a d’ailleurs rappelé aux putschistes leur devoir de protéger les emprises diplomatiques et les étrangers sur le sol nigérien, comme l’explicitent les Conventions de Vienne. L'Italie a également mis en place une liaison aérienne pour évacuer ses ressortissants.


Cet événement devient récurent sur le continent africain. La situation au Niger reste instable, la suite des événements est à suivre avec attention.


Sources : TV5 Monde / France 24 / AFP / France Bleu /

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