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Rébellion de Wagner, un tournant en Russie

Depuis maintenant de nombreuses années, Vladimir Poutine s’appuyait sur le groupe de mercenaires Wagner pour étendre son influence dans le monde. Hier, les dirigeants de cette milice ont annoncé un changement de cap, s’opposant désormais au pouvoir du dirigeant russe. Tout est bouleversé dans les stratégies et dans les plans de Poutine, alors que son pays est toujours en guerre avec l’Ukraine.

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Soldats Wagner à Rostov (Russie) - Source : Le Monde

Le groupe paramilitaire Wagner est un ensemble privé fondé par Dmitriy Valeryevich Utkin et actif depuis 2014. Il est composé de volontaires russes et aurait recruté des combattants d'autres pays, Wagner est impliqué dans des conflits à l'étranger, notamment en Ukraine et en Syrie. Bien que lié au Kremlin selon certaines sources, le gouvernement russe nie toute implication officielle dans l’administration du groupe. Wagner est critiqué pour son manque de responsabilité, ses méthodes brutales et son implication dans des zones de conflit où les droits de l'homme sont souvent violés. Il est considéré comme un groupe paramilitaire terroriste par les Occidentaux.



Dans la nuit de vendredi à samedi, les troupes du groupe Wagner ont quitté le front pour retourner en Russie. Le chef du groupe paramilitaire, Evgueni Prigojine, a communiqué toute la nuit sur les actions menées par ses soldats, et notamment sur leur entrée sur le territoire russe.

Depuis plusieurs jours, Prigojine contredisait et s’opposait aux autorités russes. Il était en conflit indirect avec le ministre de la Défense depuis des mois, et avait confirmé l’avancée des troupes ukrainiennes dans les régions de Zaporijia et de Kherson, allant à l’encontre des informations officielles du Kremlin.

À l’aube de ce samedi 24 juin, Evgueni Prigojine a confirmé les objectifs de cette avancée de plus de 25 000 soldats dans le pays. Il affirme vouloir “libérer le peuple russe” quel qu’en soit le prix pour son groupe. Il ajoute : “ce n’est pas un coup d’Etat militaire, c’est la justice qui est en marche”.

Les troupes de Wagner ont également investi ce matin le QG de l’armée russe, à Rostov, où toutes les opérations en Ukraine étaient dirigées. Des images déconcertantes montrent l’entrée en force des soldats dans la ville. Selon les communiquant du groupe, d’autres sites militaires stratégiques, tels qu’un aérodrome, ont été saisis par Wagner.

Une véritable guerre civile a ainsi été déclarée en Russie, des affrontements entre l’armée et le groupe Wagner pourrait avoir lieu dans les prochaines heures. Evgueni Prigojine a annoncé en début d’après-midi que “la guerre civile a officiellement commencé”. Alors que la milice s’approche de la capitale, où il est prévu de faire tomber le commandement militaire russe, les autorités russes tentent au maximum de fermer et de protéger la ville. L’état d’alerte a été décrété dans la capitale et dans d’autres régions.



Dès le début de la “mutinerie”, les autorités russes ont appelé à l’abandon de toutes tentatives de renversement armée. Le général Sergueï Sourovikine, chef de la police militaire russe, et le service de renseignement (FSB) ont appelé les membres du groupe paramilitaire Wagner à cesser toutes les offensives et à arrêter leurs chefs. La justice russe a annoncé l’ouverture d’une enquête pour “mutinerie armée” contre Prigojine. Selon la législation russe, s'il est arrêté, il risque entre douze et vingt ans d’emprisonnement.

De son côté, Vladimir Poutine s’est exprimé à la télévision russe. Il a dénoncé une “trahison interne” de la part du groupe Wagner, qu’il qualifie également de “menace mortelle” pour la Russie. Alors que Prigojine semblait ne viser que le commandement militaire russe, Poutine dénonçait une tentative de coup d’état injustifiée. Wagner a réagi de manière assez virulente : “Poutine a fait le mauvais choix. Le pire pour lui. Bientôt nous aurons un nouveau président”.

Le dirigeant russe veut également empêcher une guerre civile et appelle à “l’unité” dans son pays face à Wagner. Il a d’ailleurs proposé aux combattants de Wagner qui choisirait de quitter le combat de “garantir leur sécurité”, pour inciter les membres de la mutinerie à stopper cette rébellion.



À l’inverse d’autres personnalités influentes du pays, telles que l’opposant et homme d’affaires en exil Mikhaïl Khodorkovski, ont appelé à aider le chef du Groupe Wagner. Cette figure de l’opposition à Poutine a ajouté : “Oui, même le diable il faudrait l’aider s’il décidait d’aller contre ce régime !”.

À Kiev, alors que la contre-offensive ukrainienne semble lancée, ce conflit interne pourrait être bénéfique à l’armée. Le président Zelensky a déclaré que “la faiblesse de la Russie” était très “évidente”. La vice-ministre ukrainienne de la Défense a ironisé la situation en expliquant "ils nous combattent, mais ils s'autodétruisent", suite au début de la guerre civile en Russie. Dans cette situation, Kiev évoque une “fenêtre d’opportunité” dans l’avancée du conflit russo-ukrainien.

La Maison Blanche ou l’Élysée ont annoncé suivre de très près la situation dans le pays. Les ministres des Affaires étrangères du G7 ont échangé pour déterminer "leurs vues sur la situation en Russie", selon le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell.



Ainsi, alors que Wagner s’oppose directement à Poutine pour la première fois, une guerre civile est en cours en Russie. Les affrontements pourraient être très violents, et notamment autour de la capitale Moscou. Outre cela, ce retournement de Wagner va marquer la communauté internationale, et va perturber de nombreux pays où la milice paramilitaire est très présente, comme en Afrique saharienne. Cela impactera aussi le conflit en Ukraine de manière très forte. La situation va évidemment évoluer dans les prochaines heures et prochains jours, c’est un sujet à suivre de près.









 
 
 

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