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Un accord inattendu entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, sous l’égide de la Chine

Alors qu’un désaccord opposait les deux pays depuis plus de 7 ans, l’Iran et l’Arabie Saoudite ont révélé vendredi 10 mars 2023 un accord inattendu sur la normalisation de leurs relations. Cet accord a par ailleurs été signé à Pékin. L’égide de la Chine dans cet événement, confirme sa présence dans le Proche et Moyen Orient.

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Musaad bin Mohammed Al Aiban, Conseiller Saoudien de la sécurité ; Wang Yi, Haut Responsable de la diplomatie chinoise ; Ali Shamkhani, Responsable de la sécurité iranienne – A Pékin

Depuis la Révolution Islamique de 1979, et la création du régime iranien, de nombreux conflits indirects ont eu lieu avec la République d’Arabie. Les deux grandes puissances de la région s’opposent notamment sur le plan religieux. En effet, en Iran, c’est l’Islam chiite qui prédomine. Pour illustrer cela, le pays persique finance des groupes terroristes chiites tels que l’Hezbollah, qui lutte notamment contre les populations israéliennes et chrétiennes. A l’inverse, l’Arabie Saoudite recense principalement des populations sunnites. Ces différences de croyances ont historiquement été la source de fortes tensions et oppositions.


Riyad et Téhéran avaient rompu leurs relations en 2016, au lendemain de l’exécution de Nimr al-Nimr en Arabie Saoudite, un chef religieux chiite. Cet événement avait notamment donné lieu à de nombreuses attaques contre l’ambassade saoudienne à Téhéran.

Depuis 2021, de nombreuses sessions de discussions bilatérales avait été organisé à Bagdad, en Irak, au sujet du Yémen où les deux pays s’opposent indirectement. L'Iran appuyant un groupe de rebelles houthistes d’opposition au gouvernement en place, quant à lui soutenu par l’Arabie Saoudite avec une coalition depuis 2015.


Ainsi, cet accord, signé vendredi, intervient dans un contexte de discussions entre les deux puissances, malgré des violences encore recensées dans la région.


L'accord en question, permet la stabilisation et la normalisation des relations diplomatique entre les deux pays. Il prévoit dans un court délai, la réouverture de part et d’autre des ambassades, pour assurer une représentation permanente. Et également la réactivation des accords sécuritaires qui sont un lien important dans les relations qu’entretiennent les deux pays. L’Arabie Saoudite et l’Iran se sont également engagé à ne pas interférer dans leurs mutuelles affaires internes, pour ne pas provoquer, à nouveau, une crise diplomatique.


« Le retour à des relations normales entre Téhéran et Riyad offre de grandes possibilités aux deux pays, à la région et au monde musulman », a assuré sur Twitter le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir Abdollahian. Il a également ajouté que l’Iran allait « lancer d’autres initiatives régionales », renforçant ainsi les espoirs au sujet de potentiels progrès sur des thématiques comme le Liban ou la Syrie.


De plus, cet accord marque un rapprochement de la Chine dans la région. Celle-ci se lie économiquement avec l’Iran, puisqu’elle achète des hydrocarbures iraniens, qui sont sanctionnés par les autres grands acteurs économiques mondiaux tels que les Etats-Unis ou l’Union Européenne. Cet accord sous l’égide de la Chine consolide donc les relations diplomatiques. Il y a encore un mois, le président Raïssi était à Pékin, pour la première visite d’un dirigeant iranien en Chine depuis 20 ans.


De l’autre côté, ce traité symbolise l’éloignement de l’Arabie Saoudite avec le monde occidental. En effet, ce pays du Golfe avait longtemps été sous protection du régime américain. Cet accord, et les précédentes discussions économiques avec la Chine éloigne de plus en plus Riyad de Washington. Cet événement a d’ailleurs généré une réaction assez sceptique quant au rôle de médiateur qu’impose la Chine.


Enfin, cet accord va complétement à l’encontre des stratégies de politiques étrangères du monde entier et suscite des inquiétudes.


En Israël, le Premier Ministre, Benjamin Netanyahu, qui avait affiché son désir de blocage total de l’Iran et de paix dans la région, se retrouve face à une impasse. Effectivement, il avait souhaité élargir les accords Abraham, avec l’entrée du Royaume Saoudien dans ceux-ci. Ces accords avaient été signés en 2020 avec les Emirats et le Bahreïn, au sujet de la normalisation de la paix dans la région. Le leader Saoudien n’avait émis qu’une condition, le règlement à l’amiable du conflit israélo-palestinien, mais en a finalement décidé autrement. D'ailleurs, l’ancien Premier Ministre israélien, Naftali Bennett explique que ce rapprochement est « dangereux pour Israël ».


L'annonce de cet accord intervient au lendemain d’une visite de cinq jours du Secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, au Proche-Orient. Celle-ci l'avait mené en Israël, Jordanie, Irak et Egypte, pour discuter de la sécurité régionale et donc évoquer la menace iranienne.


Cette menace s’illustre d’ailleurs par les différentes inquiétudes face au programme nucléaire iranien qui constitue, en outre, un enjeu majeur dans cette affaire. En effet, en février, l’Agence Internationale à l’Energie Atomique (AIEA) découvrait des traces d’uranium enrichi à près de 84% sur un site iranien, ainsi proche du seuil nécessaire pour la production d’armes nucléaires.


Ainsi, cet accord replace la Chine au cœur d’une région marquée par les conflits. Alors que celui-ci assure une paix entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, il ravive des désaccords au sein du Proche et Moyen Orient. Les opinions divergent donc, et également au sein même du peuple iranien, entre étonnement, appréhension et espoir.


Sources : FranceInfo / Les Echos / Rfi / Le Monde / La Presse / France24 / Courrier International

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